Résolution AG AMRF 14/05/22. Adresse des maires ruraux au Président de la République, aux candidats aux législatives et au futur Gouvernement

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La ruralité et la Commune sont une chance pour restaurer la confiance 
et libérer l’énergie des territoires.
100 mesures face à l’urgence territoriale
Résolution adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale de l’AMRF le samedi 14 mai 2022.

Il y a quatre ans, en décembre 2018, les « Cahiers de doléances et de propositions » ont
été ouverts par le dévouement de milliers de maires ruraux puis rejoints par tous, pour
donner la parole à nos concitoyens.
Symptôme de la défiance montante, les électeurs ruraux ont envoyé une nouvelle fois un
message très clair lors de l'élection présidentielle. Il convient de porter une attention au fort mécontentement, et d’inverser le sentiment d'abandon en un mouvement d'espérance.
Les attentes exprimées pour l’accès aux services publics, le développement local et le
besoin de démocratie, demeurent le socle d’une exigence qui émane de la population rurale.
Elle représente 33 % du pays et occupe 88 % du territoire national.
La déraison et la révolte gagnent beaucoup d’esprits, faute de résultats et de réponses à
des besoins élémentaires (accès aux soins, mobilité, formation, numérique, etc.).
Nous, Maires ruraux, relevons pourtant chaque jour l’immense défi de répondre aux attentes des habitants et offrir un horizon désirable.
Nous, Maires ruraux, avons une partie majeure de la clé, plus aujourd’hui qu’hier, pour
maintenir une société du vivre ensemble, réussir la transition écologique, par la pratique
concrète de la démocratie du faire.
Aujourd’hui, Nous, Maires ruraux de France, affirmons la nécessité de lire l’avenir de notre
pays avec un regard nouveau sur la ruralité, en disant la place centrale de la Commune et
de la ruralité dans le développement et la vie de notre pays.
De la Commune comme socle de la démocratie, comme lieu de la vitalité citoyenne, comme centre de l’organisation territoriale.
De la ruralité comme une chance encore largement inexplorée pour son apport à l’équilibre entre nos territoires.
Malgré certaines avancées dans les lois « Engagement et proximité » ainsi que « 3DS », la
création d’un Ministère de la Cohésion des territoires et de son agence, l’élaboration d’un
Agenda rural, la nomination d’un Secrétaire d’Etat à la ruralité, nous en vivons au quotidien les insuffisantes concrétisations, souvent conséquences, des dispositions de la loi Notre et d’autres textes.
Il est nécessaire de corriger ces textes de loi car ils sont venus priver l’action publique de
l’efficacité attendue par nos concitoyens, de l’agilité et de la subsidiarité nécessaire, en
faisant le pari, obstiné et perdu, de prioriser les outils intercommunaux sur l’action de la
commune. L’addition des deux reste la solution plutôt que l’entêtement à mettre la seconde sous tutelle.
Corriger ce cadre c’est prendre en compte les spécificités, les apports et aménités du monde rural : dans les dotations et dans l’organisation d’une coopération intercommunale qui doit laisser aux élus locaux le choix des compétences qu’ils souhaitent exercer en commun. Il reste urgent d’intégrer les notions d’espace et de géographie, pour sortir des seules logiques comptables et démographiques.
Tout cela doit se traduire dans la loi et dans la pratique d’un Etat devenu étranger à tout
autre logique que celle qu’il impose, au détriment de l’écoute de l’expérience de tous les
élus, dans le respect de chaque commune et de ses habitants.
Après « Action cœur de ville » et « Petites villes de demain », l’action de l’État et du
Parlement doit s’inscrire au cœur des territoires ruraux en appelant à se manifester des
« villages d’avenir » présentant des projets accompagnés sur mesure.
Construire et retisser le lien au citoyen en passant par la Commune est la voie que
nous proposons.
Cela sera possible partout avec des ruptures fortes et de profonds changements dans
l’action de l’Etat, conséquences d’une action nouvelle des futurs parlementaires et du
prochain Gouvernement. Continuer à changer de regard sur la ruralité est un préalable au
retour de la crédibilité de l’action publique et de la confiance.
C’est fort de ces priorités, que Nous, Maires ruraux, appelons chacun de nos collègues à
porter ces principes dans les échanges avec les candidats aux élections législatives et
partager les « 100 mesures rurales »* que nous présentons ce jour.
Nous le ferons nationalement auprès du Président de la République, du futur Gouvernement et du Parlement.
Que vivent la ruralité et les communes, petites Républiques qui font la grande !